Les remèdes au Moyen-âge…

Publié le par ernan.over-blog.com

   Ecrit par : Cernunnos 

Cet article est une synthèse réalisée à parti de l’article de R. PERROT, Le traitement des blessures au Moyen-âge , I- traitement des plaies. Le lien vers l’article en question a été mentionné dans mon précédent article Le traitement des plaies au Moyen-âge.

Mon propos est d’évoquer l’ensemble de l’arsenal de remèdes médiévaux dans une tentative de classification. Inutile d’ajouter que je ne recommande en aucun cas l’usage de ces derniers et que ma responsabilité ne saurait être engagée en ce sens si quelqu’un tente quoi que soit.

Jouer aux apprentis sorciers n’est pas mon objectif : dans un premier temps, nous parlerons des différents remèdes utilisés puis nous évoquerons la classification de ceux-ci.

Les remèdes médiévaux.

Ils se présentent sous forme de cataplasmes, d’emplâtres  et d’onguents. Contrairement à l’usage actuel de ces termes qui font qu’on a tendance à les employer comme synonymes, à l’époque qui nous occupe, chacun à un rôle et une composition bien précise.

Le cataplasme est une préparation pâteuse et souple destinée à être mise sur la peau. On l’étale sur la partie à soigner. Il est peu utilisé en Europe, car confondu avec l’emplâtre. Toutefois Abulcasis de Cordoue, chirurgien arabe le mentionne dans son livre : il emploie un cataplasme de farine d’orge préparé avec de l’eau et du miel pour faire suppurer les plaies infectées au contact de l’air.

L’emplâtre est un remède de consistance plus élastique, mou, et à température du corps. Il ne contient pas d’huile.  On le modèle sur la partie du corps à soigner. Guy de Chauliac utilisait ainsi l’emplâtre de centaurée comme remède des plaies à la tête.

Les onguents représentent quantitativement la plus grande part de la pharmacopée utilisée. Il s’agit tout simplement d’un remède de forme et de consistance identique à celles de l’emplâtre, mais il diffère de celui-ci par la présence d’huile et parfois de cire dans la composition.  Pour les différencier, on accompagne souvent le terme onguent d’un qualificatif. Ainsi, l’onguent brun est souvent utilisés par les médecins.  En voici les composants (à titre indicatif, sans les dosages.) :cire, huile, momie, encens, farine de fénugrec, galles, noix de cyprès, poix, naval. Il s’agit des remèdes les plus élaborés car nos chirurgiens ne se contentent pas de quelques composants : Guillaume de Salicet utilise jusqu’à 23 produits différents dans son onguent.

Les poudres.

Les fomentations : il s’agit des décoctions ou infusions de plantes utilisées en compresse pour diminuer la douleur et assainir les plaies.

Classification des traitements :

On distingue plusieurs classes parmi les onguents pour traiter les plaies, selon l’usage qui en est fait :  confortatifs,  incarnatifs, mondificatifs… et certaines de celles-ci connaissent une autre subdivision supplémentaire. Selon les chirurgiens, une même recette peut appartenir à deux classes différentes.

Ajoutons aussi qu’il existe aussi des traitements digestifs, constrictifs et mollificatifs… qui entrent jeu dans la guérison de pathologies différentes de celles étudiées dans l’article.

Le traitement mondificatif vise à désinfecter la plaie. On utilise notamment l’arsenic, la fleur de cuivre, l’orge, le miel rosat… Guillaume de Chauliac le qualifie ainsi : Le médicament mondificatif est comme genre à l’abstersif et expurgatif, et non pas corrosif comme disoient Lanfranc et Henric : car icelui-cy ne mondifie pas la sanie, ains les croustes, et ronge la chaire et l’arrache.

Le médicament confortatif est celuy qui attrempe l’essence et la complexion du membre, tellement il l’empesche de recevoir les superfluitez, comme l’huile de rosat, le myrtin,  [...] écrivait Guillaume de Chauliac. Il vise à favoriser la cicatrisation et la régénération des tissus.

Le terme de consolidatifs désigne toutes les médications, et plus généralement des poudres, visant à cicatriser une plaie, dont les bords auraient été accolés par une suture par exemple. L’onguent brun que nous avons cité plus haut relève de ce type de traitement, mais aussi des incarnatifs et/ou des mondificatifs selon les textes des différents chirurgiens que nous avons mentionnés dans l’article précédent.

Les incarnatifs sont les traitements qui visent à favoriser l’activation de la cicatrisation d’une plaie.  Ils sont généralement répandus sous forme de poudre ou d’onguent sur la plaie et recouvert d’un linge de lin.  Guy de Chauliac écrit : Le médicament incarnatif, aggréagatif, et consolidatif, suivant Avicenne, est celui qui desseiche et espaissit, l’humidité demeurant entre les deux superficies prochaines de la playe, de sorte que l’humidité soit convertie à collement et gluement, et que des superficies l’une s’attache à l’autre.

Les cicatrisatifs :

défensifs : médicaments appliqués autour de la plaie ou sur celle-ci pour éviter l’apparition de complication notamment de l’aposthème (abcès, pourrissement des chaires, gonflement post-traumatique, etc… )

dessicatif : poudres asséchant les plaies pour éviter l’apparition de sanie (pus)

Les hémostatiques: les chirurgiens médiévaux connaissent bien ces substances et les utilisent abondamment lors de leurs opérations pour tenter de limiter les hémorragies. Ils utilisent par exemple l’alun de roche, l’encens, le sang de dragon …

Voilà un bref aperçu de la pharmacopée médiévale, riche en plantes, encens et poudres. J’ai volontairement évité la trop grande mention d’exemple pour éviter à mes lecteurs toute tentation de jouer au petit chimiste. Toutefois, si vous avez des questions n’hésitez pas à consulter l’article de R. PERROT qui, lui, n’est pas avare de ce point de vue.

Publié dans Medecine

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